Le Moyen âge nous a laissé des témoignages architecturaux remarquables et lorsque ceux-ci sont classés, restaurés et préservés alors l’Histoire devient presque envoutante !
C’est le cas de la magnifique Abbaye de Fontfroide, située à quelques kilomètres de Narbonne, au milieu d’une nature calme et sereine.

Fondée en 1903, c’est d’abord une abbaye bénédictine, puis elle rejoint l’ordre de Cîteaux en 1145. Les cisterciens, même s’ils suivent l’ordre de Saint Benoît, ont décidé de recentrer tout ce petit monde vers la prière, la prière et la prière… Tout le reste , travaux agricoles et autres sont alors confiés à des laïcs chrétiens. Ce sont les frères Convers, qui rapidement forment une communauté religieuse vivant dans l’enceinte des abbayes. Pour en savoir plus sur les frères convers, c’est ici . C’est la cohabitation de ces deux mondes parallèles qui dessinera alors l’organisation architecturale des Abbayes, comme on le verra dans la visite en image.
A son apogée au XIIIème siècle, Fontfroide compte une centaine de moines et environ le double de frères Convers.
La Peste Noire en 1348 impacte la communauté monastique. L’abbaye décline dès le XVème siècle, et au début du XIXème siècle il ne reste plus rien de son mobilier.
Le cloître, la salle capitulaire et l’église sont classés Monuments Historiques en 1843
Pour finir avec ce bref résumé historique, l’Abbaye de Fontfroide est rachetée en 1908 après le départ des derniers moines, par Gustave et Madelaine Fayet. Ils la restaurent, la protègent et en font un lieu artistique toujours vivant.
Au fait pourquoi le nom de Fontfroide ? L’abbaye tire son nom de la source se trouvant à proximité, la Fons Frigidus, la Fontaine Froide. Outre l’eau, les religieux pouvaient trouver dans le massif le bois et la pierre pour la construction du monastère.
Allez c’est parti pour la visite en image !

On entre d’abord par l’imposante Cour d’honneur

Puis on pénètre dans le vaste et sombre réfectoire des Convers ! Il faut imaginer, le silence, les frères Convers assis dos au mur, sans vis à vis sur de longues tables…on entend à peine le bruit des cuillers en bois et la voix du lecteur !
Deux cheminées se font face, mais elles ont été installées ici par les Fayet, donc point de chauffage à l’époque des moines, brrr…

Du réfectoire en passant par la cour de travail où sont regroupés les ateliers (boulangerie, forge, menuiserie…) servant à l’autosuffisance de l’Abbaye, on atteint la ruelle des Convers. Elle sépare deux mondes, l’espace sacré des moines, et le monde des frères Convers. Cette ruelle est un patrimoine exceptionnel, car très peu d’Abbayes cisterciennes l’ont conservé d’une façon aussi intacte !

Au fond de cette ruelle, on pénètre dans l’imposante abbatiale…impressionnante d’abord, elle nous dévoile peu à peu de magnifiques couleurs vives renvoyées par des vitraux inattendus !
On murmure, un peu intimidé par la majesté des lieux, et on découvre alors une acoustique exceptionnelle qui élève nos murmures dans un son limpide ! Houlà, j’en deviendrais presque mystique !!

Puis arrive le moment de pénétrer dans le cloître. Il est juste magnifique et appelle sans aucun doute à une déambulation contemplative.
A l’origine, le cloître est construit selon les règles de l’art roman, avec le dépouillement décoratif imposé par l’ordre cistercien.
C’est au XIIIème siècle, au temps de la plus grande prospérité de l’Abbaye, que le cloître connaît un important remaniement suivant les règles du Gothique. On recherche alors l’ouverture, la lumière et la finesse. Dans chaque travée, les colonnettes romanes sont conservées mais sont surmontées d’un haut tympan, percé d’oculi différemment répartis.
Pour les amoureux d’architecture ou les curieux, je vous invite à lire cet article très complet sur le cloître de Fontfroide.

j’ai bien aimé joué avec les ombres

Un petit tour à l’étage, qui, suivant l’organisation cistercienne dont je vous ai parlé , est réservé à la communauté des frères Convers. On y trouve leur dortoir: imaginez qu’ici, entre 200 et 250 frères venaient se reposer le soir… sur des planches couvertes d’une paillasse où ils se couchaient tout habillés ! La vie monastique n’est pas un hôtel 4 étoiles !!

La visite se termine par la découverte des espaces extérieures, la roseraie en lieu et place de l’ancien cimetière des moines et convers, et un magnifique jardin crée à l’époque renaissance. Ce jardin, étagé en terrasses, nous charme avec ses statues, fontaines et bassins… il fait bon y flâner en découvrant de très belles vues sur l’abbaye.


Ainsi se termine ce voyage dans l’intimité de la très belle abbaye de Fontfroide. La connaissiez-vous ? Comme d’habitude j’espère lire vos impressions, remarques ou échanges d’expériences.

A très bientôt